Comment utiliser l’IA dans une planification stratégique ?
Un article de Luc Caron, pdg, Conseiller en management certifié
L’intelligence artificielle (IA) s’impose dans les organisations. Elle peut accélérer l’analyse, clarifier les données, stimuler la réflexion et soutenir la prise de décision. Toutefois, l’intelligence artificielle ne pourra jamais remplacer ce qui fait la complexité et la beauté d’une organisation : la culture interne, le climat, bref, la subtilité du contexte humain. Comment l’utiliser en évitant de perdre ce qui fait la force et le succès d’une démarche stratégique : un processus sur mesure, la nuance, créer un contexte et des relations favorables à l’intelligence collective. Comment intégrer l’IA avec bienveillance dans une planification stratégique ?
1. Ce que l’IA fait très bien en planification stratégique
L’IA apporte trois avantages majeurs : vitesse, structure, capacité de synthèse.
Elle excelle dans les tâches répétitives et volumétriques. Voici ce qu’elle peut faire :
Résumer les notes d’entrevue.
Synthétiser les réponses à des questions ouvertes.
Regrouper les idées en thèmes.
Clarifier des documents longs ou techniques.
Produire des premières ébauches (tableaux, résumés, orientations, matrices).
Mettre en forme des idées déjà exprimées par les parties prenantes.
Elle permet de gagner du temps et accélère le passage de la collecte à l’analyse.
2. Là où l’IA ne remplace pas l’humain
L’IA a des limites claires.
Elle ne ressent pas et n’interprète pas les nuances sociales. Elle n’évalue pas les risques politiques et ne comprend pas les non-dits.
Ce que l’humain fait mieux :
Lire l’ambiance d’un atelier.
Identifier les tensions, les résistances et les sensibilités.
Décoder les émotions, les doutes ou les hésitations.
Faire des choix stratégiques basés sur l’histoire, la culture et la réalité organisationnelle.
Juger de la faisabilité opérationnelle d’une décision.
En bref : l’IA traite l’information et l’humain donne le sens.
3. Comment l’IA s’intègre dans le processus (de façon sécuritaire et utile)
Dans un processus typique de planification stratégique, comme celui d’Expérience Stratégique LC, l’IA peut contribuer à plusieurs étapes :
1. Aider à planifier la démarche
Aider à documenter la préparation.
Organiser les notes et ordres du jour.
2. Analyse interne
Synthétiser des entrevues individuelles.
Analyser des processus décrits.
Résumer des parties de sondages (surtout les questions ouvertes) auprès du personnel, de membres du CA et de la clientèle.
- Analyser et croiser des données de performance et dégager certains constats préliminaires.
3. Alléger les consultations
Résumer des ateliers de consultations sectorielles auprès de partenaires.
- Dégager certaines convergences ou extraire des parties de témoignages en appui de certains constats.
Regrouper les préoccupations exprimées lors plusieurs ateliers ou d’entrevues stratégiques
4. Analyse externe
Dégager les faits saillants d’études secondaires.
Brosser un portrait préliminaire de la concurrence et dégager certains faits ou constats.
Identifier des tendances émergentes ou même produire une analyse de type PESTEL
5. Nourrir la réflexion stratégique
- Avec des directives claires, l’IA peut alimenter la réflexion sur des formulations d’énoncés
- Proposer des scénarios à discuter pour inspirer la réflexion
- Dégager des propositions auxquelles on n’aurait pas pensé
4. Et l’aspect humain?
Comment intégrer l’IA avec bienveillance dans une planification stratégique ?
Toujours valider les synthèses par des données issues de la collecte sur le terrain.
Filtrer les biais potentiels ou les « hallucinations »
Respecter la confidentialité.
Ne jamais lui déléguer le jugement stratégique.
Toujours replacer l’analyse dans la réalité vécue par l’organisation.
Conclusion
L’IA devient un excellent outil dans une planification stratégique. Mais elle ne peut vraiment remplacer un stratège. Elle accélère, structure et clarifie.
Seul l’humain peut écouter, comprendre, décider, inspirer! En accélérant ou en allégeant le traitement de l’information, on peut concentrer nos énergies ailleurs, notamment sur la réflexion.
Car il demeure important de donner le temps au temps. On peut accélérer ou alléger certaines tâches, mais la réflexion ne se compresse pas et ne se remplace pas. L’essentiel de la planification ne se résume pas à préparer un document ou à formuler une stratégie. L’IA ne remplace pas le stratège qui accompagne une organisation et une équipe de direction. C’est le gardien du processus et du rythme de la démarche. Le stratège permet d’éviter les erreurs de traitement et d’optimiser son usage.
Bien utilisée et intégrée à une démarche participative conçue sur mesure, l’IA peut certainement contribuer à améliorer la qualité d’une planification stratégique.
Mal utilisée, elle peut en affaiblir le sens.
La force d’une bonne planification reste l’équilibre entre données, analyse… et humanité
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